Steeve Souchette : « Je suis une boule d’énergie »
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ASPC : Tu viens de remporter un nouveau titre de champion de Martinique avec le Golden Star. Vous avez semblé être meilleur mentalement. Comment cela s’est-il passé ?
S.S : C’était une finale assez difficile dans la mesure où les joueurs de la Gauloise nous connaissent déjà donc l’effet de surprise ne fonctionne plus. En plus, on se rencontre depuis un certain nombre de temps en finale. Cela a été quand même une finale assez éprouvante dans la mesure où nous avons dû jouer 2 jours de suite et c’est la 1ère fois que cela nous arrivait : mardi-mercredi et vendredi-samedi. Nous ne sommes pas des professionnels, nous sommes des amateurs, le matin, il faut aller travailler sans compter qu’après les rencontres, on ne s’endort pas avant une heure ou deux heures du matin pour se réveiller à 6 heures. Le jeu, cela allait mais ce qui était important dans cette finale, c’était la capacité à récupérer. Pour ce qui est du mental, le Golden Star a quand même un palmarès assez étoffé, les joueurs qui sont là, ce sont avant tout des copains, des gens qui vivent ensemble depuis 20 ans, les problèmes se règlent très rapidement entre nous. On a l’habitude des grandes compétitions (championnat de France, Etats-Unis), en fait dans le programme de notre club, le joueur est confronté à de multiples situations, donc il a une grande capacité à s’adapter.
ASPC : Il y avait beaucoup d’émotion à la fin de la rencontre où vous avez tenu à associer la mère de votre jeune coéquipier décédé accidentellement cette année. La victoire était-elle pour lui ?
S.S : Ce n’était pas quelque chose qui avait été décidé. Au début de la saison, on n’avait pas dit qu’on gagnerait le titre pour Yann. Mais, c’était un jeune qui frappait déjà à la porte de l’équipe senior. Quand on a gagné la finale de la Coupe de France (zone régionale), c’était pour lui donc, on s’est dit, au fil de la saison, pourquoi ne pas jouer pour lui cette année et gagner les play-off. Et je crois que là où il est, il nous a aidé aussi.
C’était vraiment avec beaucoup d’émotion car Yann, c’était la joie de vivre. C’était l’avenir du Golden.
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ASPC : Comment s’est passé l’arrivée d’Alex Cimadure au poste d’entraîneur à la place de Charles Fidelin ?
S.S : Charles Fidelin est le directeur technique du Golden Star. Alex Cimadure a rejoint le staff technique, Charles Fidelin, c’est toujours le boss mais il y a un staff technique qui fonctionne. Je crois que Monsieur Fidelin a bien fait les choses : c’est un homme qui fonctionne vraiment en concertation avec les joueurs. Il peut le faire car il a des hommes responsables. Ce n’est pas un despote, il concerte tout le monde. Quand il y a une décision à prendre, il la prend en toute connaissance de cause. C’est un staff, il y a tout un ensemble de gens comme « Manzelle » Huguette, Madame Nelly qui apporte leur contribution, très importante pour le groupe.
ASPC : Comment est-tu venu au basket ?
S.S : Moi, je suis né au Vauclin, je suis Vauclinois, je suis sudiste. On dit souvent que les sudistes ont le sang chaud. J’étais prédestiné au football, j’étais même en sélection de Martinique minimes. Et, c’est un copain, Tony Davidas, qui jouait au basket et puis un mercredi il est passé me chercher pour aller jouer et, depuis ce jour là, je n’ai jamais laissé un terrain de basket. J’ai laissé les terrains de foot, je fais des championnats de vacances.
ASPC : As-tu des modèles au basket et dans le sport en général ?
S.S : Sincèrement, dans le sport de haut niveau, je n’ai pas tellement de modèles. Je n’accuse personne, mais il faut savoir que souvent, au haut niveau, l’organisme des joueurs est mis à rude contribution et cela entraîne des dérives. Donc, je n’adule personne. Quand il y a une grande performance, je dis bravo mais ça s’arrête là. Par contre, tout ce qui est sport de masse, sport populaire, pour faire comprendre au peuple que bouger c’est important, bouger c’est lutter contre la sédentarité, c’est lutter contre toutes les dérives, moi j’adhère à 100%.
ASPC : Comment vois-tu l’évolution du basket Martiniquais ?
S.S : La sélection a été remise en place, on était dans un tournoi en Guyane. Ce n’est pas formidable au niveau des résultats, mais cela a été une fabuleuse aventure humaine. On a tendance à dire que le basket est moribond, mais je crois qu’il y des gens, il y a une ligue qui essaie de faire avec les moyens du bord. C’est vrai qu’on n’a pas su saisir les opportunités que nous offraient la dream-team en 1994 où il y a eu un élan pour l’activité basket partout dans le monde. Mais enfin. En Martinique, je crois que les play-off amènent du monde, les finales sont médiatisées par contre, pour la saison régulière, il faut trouver une formule pour intéresser les gens. Je crois que ce sont des gens comme nous qui, quand nous allons laisser, devrons apporter au basket ce qu’il nous a apporté.
ASPC : Comment situes-tu le basket Martiniquais par rapport à la Guadeloupe et à la Guyane ?
S.S : Au niveau des garçons, c’est vrai que, régulièrement – j’espère encore cette année – on gagne, on remporte des victoires contre les Guadeloupéens. Avant, c’était l’inverse.
Au niveau des filles, je pense qu’il y a une grande réflexion a mené – c’est la Ligue qui doit le faire – autour du basket féminin et du sport féminin en général. Autour du basket féminin plus précisément, il faut qu’il y ait des gens qui s’adonnent à cela. J’y crois fermement. Avant, le basket féminin avait un certain niveau, on pouvait rivaliser avec des gens de National 2, National 3. Et il faut arriver à cela parce qu’on ne pourra plus supporter la domination, l’impérialisme de Sinnamary (NDLR : les Guyanaises de Sinnamary règnent sur le basket Antillo-guayanais depuis un certain nombre d’années). Je crois que la Ligue est tout à fait sensibilisé à cela et ils vont faire ce qu’il faut dans les années à venir. Il faut dire que le problème est que dans les associations, ce sont des bénévoles qui s’occupent de choses qui ont quand même une importance d’entreprise. Cela demande donc du temps.
ASPC : Deviendras-tu entraîneur du Golden Star plus tard ?
S.S : Du Golden Star, je ne sais pas car c’est une très lourde charge, c’est une grosse machine. Par exemple, coach Fidelin ne dort pas les soirs de défaite ou de victoire. Cela demande du travail. Si on a des objectifs, comme ceux du Golden Star, cela demande beaucoup de sacrifices. Maintenant, c’est vrai, je veux être coach. Je ne sais pas si cela sera au Golden Star ou ailleurs, je veux simplement amener ma pierre à l’édifice du basket Martiniquais.
ASPC : N’as-tu jamais pensé a tenté l’aventure professionnelle ?
S.S : Oui, mais, en fait j’ai eu très tôt une famille. Il était question pour moi, d’aller aux Etats-Unis quand j’étais au lycée. En terminale, mon club, le Golden Star, sous la direction de Charles Fidelin avait des contacts. Monsieur Fidelin a une vision très internationale pour la Martinique. Il aime beaucoup les Martiniquais. Il n’aime pas trop la politique du citron pressée, c’est-à-dire qu’il veut qu’il y ait de bons basketteurs en Martinique mais à condition que ce soit des hommes formés pour prendre la relève demain matin. Parce que le basket, c’est bien beau mais après, il faut pouvoir faire autre chose. Pour ce qui est du professionnalisme, je ne pense pas que l’esprit m’aurait plu. C’est tout pour l’argent, money, money. Il faut tout gagner, je ne pense pas que j’aurai aimé cela.